LA RIZ DE MER, SUPER ALIMENT.
Trésor en voie d'extinction, cette céréale sous-marine possède des superpouvoirs. Scientifiquement appelée zostère marine ou zostera marina, cet aliment marin a des propriétés environnementales et nutritives extraordinaires.
C'est un grain, semblable au riz par sa texture, au quinoa par sa couleur. Une céréale, donc. A ceci près qu'elle ne pousse pas sur la terre mais dans la mer. Elle ne provient pas d'une algue mais d'une plante phanérogame, un genre de graminée aquatique.
Cette céréale sous-marine qui pousse dans l'hémisphère nord a bien failli disparaître et elle est aujourd'hui toujours menacée d'extinction.
Sur les côtes européennes, il n'en existe que quatre types, à l'état sauvage. En France, la plante bénéficie de mesures de protection dans l'ex Basse-Normandie, en Poitou Charentes et dans la région PACA. Elle existe depuis des siècles, consommée sous forme de bouillie et de farine au Mexique.
Le chef triplement étoilé Angel LEON, passionné par la mer, tente de la "domestiquer" avec l'aide d'un biologiste marin et de chercheurs de l'université de Cadix. Il a décidé de mettre au goût du jour cette plante en créant un jardin océanique de 3000 m2 dans la baie de Cadix en Espagne.
Ce chef qualifie cette céréale sous-marine de superaliment. Elle pourrait révolutionner l'alimentation et changer notre rapport à l'environnement.
Cette plante regorge de bénéfices nutritifs. "Elle contient plus de fibres que les pâtes, une quantité d'acides gras plus élevée que n'importe quelle céréale et, est riche en vitamines et en acides aminés, elle est deux fois plus protéinée que le riz" dit-il. Sans gluten, composée de sucres dont l'assimilation est plus lente que ceux contenus dans le riz ou la semoule de blé, elle serait adaptée aux diabétiques. Elle est également riche en oméga 6 et 9, contient une quantité plus élevée de protéines de haute qualité (13 %), de glucides (82 % dont environ 50 % d’amidon) et 2 % de graisses (végétales) en moins que les céréales terrestres tels que le riz, l’orge, le blé, l’avoine et le maïs.
Et surtout bénéfique pour l'environnement, car sa culture ne nécessite ni engrais, ni pesticides, ni additifs. "Les prairies de phanérogames sont des puits de carbone parmi les plus efficaces, protégeant contre les phénomènes climatiques, la montée du niveau de la mer." Elles absorbent le carbone 30 fois plus vite que les forêts tropicales et, autre particularité, se passent d'eau douce !
En effet, la zostère marine joue un rôle écologique important. Outre l'absorption du carbone et l’oxygénation de l’eau, elle stabilise les sédiments et amortit la houle. Elle abrite également de nombreux organismes marins.
Pour l'heure, Angel Leon a décidé de ne pas cuisiner son grain de mer, le réservant aux seules cultures. En effet, il voudrait d'abord protéger cette denrée menacée d'extinction. Pour cela, il a fondé un laboratoire R&D, impliqué dans la culture de la zostère, qu'il fait pousser dans d'anciennes salines, recréant un écosystème, une biodiversité.
L'espoir est grand : "Après un an et demi de recherches, l'équipe est parvenue à une première récolte, bouclant un cycle biologique, de la semence à la plantation." Plus rentables que le riz, les récoltes pourraient atteindre en moyenne 3,5 tonnes par hectare, voire 14 tonnes au maximum... De quoi nourrir à terme la population, tout en luttant contre le réchauffement climatique.
Carpe Diem
Christine